Comme à l’habitude, l’hospitalité de la marina de Rivières aux Renards n’est plus à faire. Mari-May, la tenancière, nous a prêté sa voiture pour nos courses. Après avoir fait les réparations nécessaires et les commissions essentielles, Geneviève qui enfin sur la terre ferme, et reposée par près de 24 heures de sommeil ininterrompu que par seul un repas d’une demi heure, pettait radicalement le feu. Elle partit chercher Louise qui arrivait à la gare de Gaspé.
Dès l’arrivée de Louise, on largua les amarres pour continuer notre route sur l’Anse à Beaufils et profiter de la belle journée de vent et de soleil que la météo nous avait prévu.
Malheureusement, dès notre départ on vit que l’étau des nuages se refermait sur nous. Comme de fait, il ne fallût qu’une heure avant que l’averse tombe et nous lave pour la prochaine heure.
La vue lointaine du Rocher Percé avait comme effet d’exciter l’équipage qui s’encourageait à y arriver malgré la pluie. Graduellement, la pluie diminuât jusqu’à sa disparition pour laisser la vedette à un arc en ciel complet.
À tour de rôle l’équipage s’est relégué pour prendre la photo assis sur la proue devant le Rocher, emblème de la Gaspésie. Les patchs de Geneviève avaient donné le résultat escompté. Elle était en super forme, on le savait par sa jasette dont on s’était ennuyé depuis le départ. Une heure plus tard, L’Européenne accostait à l’Épaule de Jazz, dans la magnifique Anse à Beaufils d’où on ne repartirait que le lendemain matin à l’aube.
Jour 5, vendredi le 2 juillet Anse à Beau fils direction Shédiac (140 miles)
Grasse matinée, départ de l’Anse à Beaufils à 8h00. Beaucoup de moteur pour finalement nous taper une heure et demie de voile merveilleuse. Malheureusement, le vent s’estompa nous laissant avec le bruit du moteur pour le reste du voyage. Au moins mes amis avaient eu droit à un peu de vitesse en silence. Soleil et chaleur restèrent avec nous pour le reste de cette partie du trajet.
Les quarts de nuit furent organisés de façon à ce qu’il y ait toujours quelqu’un d’expérience au cockpit. Denis, Pierre et moi avions des quarts de 2h00 alors que Nicolas, Louise, Éric et Geneviève se relèveraient aux 90 minutes.
7h00 du matin, on entre dans la baie de Shédiac, après une nuit chaude éclairée par la lune. On sait que c’est serré côté profondeur, mais une marée de + 3 pieds nous permet d’entrer dans un endroit qui nous serait normalement interdit. On est donc très prudents en entrant dans le chenal et dans la marina. On s’accoste finalement à 7’10’’ sous la ligne d’eau alors que le bateau en demande 7’3’’. Assez juste merci!
Merveilleuse journée!
Jour 6, samedi le 3 juillet 2010, Shediac - Cap Tourmentine (NB) (40 miles)
Étant en avance de 12 heures sur notre itinéraire, nous donnâmes rendez-vous à mon frère Michel et sa conjointe Manon à Cap Tourmentine au lieu de les attendre à Shédiac. Le port de Cap Tourmentine était un port de traversier désaffecté depuis la construction du pont de la Confédération en 1997 1. On ne savait donc pas trop à quoi s’attendre. Au cas où on ne pourrait accoster, on s’était gardé Pugwall (NB) en plan B, destination qui demandait 4 heures de route supplémentaires.
Le Pont de la Confédération relie les provinces de l’est du Canada de l'Île-du-Prince-Édouard et du Nouveau-Brunswick, facilitant ainsi les déplacements dans les Maritimes.
Le Pont courbé de 12,9 km (8 miles) est le plus long pont au monde surplombant des eaux prises par les glaces. Une décennie après sa construction, il est toujours considéré comme l’une des meilleures réalisations d’ingénierie du XXe siècle au Canada.
La décision de remplacer le service de traversier actuel par un raccordement permanent a donné lieu à un vif débat dans les années 1980. Les opinions des agriculteurs, des pêcheurs, des exploitants d'entreprises touristiques et des résidents de l’Île-du-Prince-Édouard divergeaient radicalement quant à la façon dont l’accès à longueur d'année à la partie continentale de la province transformerait leur mode de vie et leurs moyens de subsistance. Finalement, on a décidé que le débat serait résolu par un vote des résidants. Le ministère fédéral des Travaux publics et des services gouvernementaux a choisi son concept de pont parmi plusieurs propositions du secteur privé, et le 18 janvier 1988, Joseph Ghiz, le premier ministre de l’Île-du-Prince-Édouard, a demandé aux habitants de l’Île de prendre une décision définitive au moyen d’un référendum. C’est ainsi que 59,4 pour cent des insulaires ont voté pour un raccordement permanent.
Quatre ans après sa construction, rendue possible grâce à des équipes de plus de cinq mille travailleurs locaux, le public a pu emprunter le Pont de la Confédération au printemps 1997. Le coût de construction total a atteint un milliard de dollars.
Aujourd’hui, Strait Crossing Bridge Limited, basée dans l’ombre du Pont à Borden-Carleton, à l’Île-du-Prince-Édouard, est l’exploite du Pont de la Confédération.
Dès arrivés à Shédiac, Éric et Nicolas se mirent sur le dossier du carburant. La marina n’offrant du diesel que de midi à 18h00, Éric partit à la recherche d’un bon samaritain pour l’amener à la station service la plus proche. Tout comme à l’Anse à Beaufils, la première camionnette interpellée se portât volontaire pour faire les deux voyages avec les deux bidons; un pêcheur de crabes cette fois-ci, alors qu’à la destination précédente, il s’agissait d’un pêcheur de homards.
Après le déjeuner servi dans un beau petit restaurant sympathique sur la jetée, à tour de rôle, on se partageât les douches de la marina pendant que les deux brassées de lessive étaient en marche. Comme j’étais en route pour aller prendre ma douche, la dernière du groupe, Denis me fit signe de venir déplacer le bateau, car un immense cruiser voulait notre place pour faire le plein. Sur le ponton de service, l’autre côté n’était pas occupé et je me demandais, un peu fru, pourquoi il n’irait pas là. De toute façon, il n’aurait pas de service avant midi. Je revins quand même pour déplacer le bateau vers le côté sud du ponton. Par le temps que je fasse la manœuvre, le cruiser d’un million de dollars, avait été prendre place sur le quai d’acier un peu plus loin dans la marina. 20 minutes plus tard, on quittait la marina à pas de tortue, la marée était à son plus bas. Arrivée entre les enrochements de la marina, je senti une forte odeur de brûlé. Un peu inquiet, je fis part de mon observation au groupe qui me fit remarquer que si je le sentais d’où j’étais, ça venait sûrement de l’extérieur étant donné ma position par rapport à la direction du vent. Vous avez raison leur dis-je rassuré. Quelques minutes plus tard, on vit monter de l’endroit où était le cruiser, une épaisse colonne de fumée et des flammes qui vacillaient au travers. Denis, qu’on appelle notre mafioso parce qu`il est originaire de Lennoxville, pris son rôle de bandit et dit tout fort à la blague «Dont fuck with a frog ». On apprit plus tard sur internet que le yacht appartenait à un millionnaire dans le domaine de l’armement. (On apprit également, un peu plus tard, que le propriétaire du bateau avait volontairement décidé d’aller s’amarrer un peu plus loin car il éprouvait des ennuies de moteur … sage décision dans les circonstances car on aurait probablement brulé nous aussi).
Une fois sortie du chenal, on hissât les voiles pour faire une des plus belles après midi de voile à faire marcher le voilier jusqu’à notre vitesse de pointe de 9,4 nœuds. On passât le Pont de la Confédération avec deux ris dans la grand voile. Une heure et demie plus tard, on rentrait dans un quai qui vraiment avait l’air désaffecté. Après trois approches prudentes en exploration, on décidât d’accoster sur le quai de bois sur le fond de la marina.
Manon et Michel arrivèrent 10 minutes après nous. Quelle synchronisation.
Jour 7 Dimanche le 4 juillet 2010 Cap Tourmentine (NB), - Port Hawkesbury (NE) : 117 miles
23 nœuds de vent, à 5h30 du matin, on quittait notre quai de fortune vers le détroit de Canso. Magnifique journée de voile, Manon et Michel sont vraiment gâtés pour une première journée.
Pendant les préparatifs du printemps, lors d’une conversation avec Denis qui me suggérait de la nourriture déshydratée pour la course, je lui mentionnai que sur L’Européenne, on mange 5 étoiles en tout temps, même en course. « Tu va faire tes classes me dit-il». Je ris dans ma barbe sans rien dire.
Une fois les voiles hissées et le bateau à 30 degré de gîte, je demandai à l’équipe ce qu’elle voulait pour déjeuner. Des œufs bénédictine me dit Denis en blaguant. Bonne idée lui répondis-je, très sérieux. Pierre me dit « tu n’as pas ce qu’il faut pour faire de la sauce hollandaise?». J’ai toujours de la sauce hollandaise à bord qu’est-ce que tu crois lui répondis-je.
Je descendis dans le bateau et prépara à 30 degré de gite, des œufs bénédictine servis sur pain aux raisons à défaut de muffins anglais. Quand je servi Denis, je lui dis : « Tiens mon homme, on va te faire faire tes classes ».
Au dîner, crêpe au proscuito, fromage, oignons, piments et olives et Risoto de porc aux fruits pour souper. Les trois repas ce sont concoctés à la gite du bateau qui nous amenait merveilleusement à notre destination qu’on atteindra à minuit trente, après avoir traversé l’écluse du détroit de Canso. Encore une merveilleuse journée. La chimie est incroyable entre les membres de l’équipage.
Jour 8, lundi le 5 juillet 2010. Port Hawkesbury (NE) - Halifax (NE) : (170 miles)
Pour Michel et Manon, ce sera leur baptême de nuit en mer. La plus belle expérience à voile qu’il existe. On fait des quarts, on navigue aux instruments. Si on est chanceux, on aura du vent et le moteur sera au repos.
Au dîner, reste de patates à la saucisse, transformé en croquette de pomme de terre à la moutarde, accompagné de baloné dans le poêlon. Pour le souper, Louise et Manon nous ont concocté un saumon aux mangues et poivrons dans une sauce olé olé. Je vous quitte, on se met à table dans 5 minutes pour déguster encore une bonne bouffe.
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